Jean HERMANN (1738-1800), naturaliste et botaniste alsacien ; ses collections et sa bibliothèque sont à l'origine du Muséum d'Histoire naturelle de Strasbourg. Lettre autographe signée au botaniste Charles-Louis L'Héritier de Brutelle (1746-1800), chez Joseph Banks, à Londres. 3 pp. in-4. Strasbourg, 16 mars 1787. Adresse au dos avec cachet de cire armorié. Très belle lettre à L'Héritier, - alors qu'il réside chez Joseph Banks à Londres, dans laquelle il évoque son cabinet d'histoire naturelle. « J'avois ignoré que vous fussiez en Angleterre. Que je vous en porte envie ! Non seulement pour les belles choses que vous voyez, mais aussi et principalement pour les personnes intéressantes dont vous faites la connaissance. Quel homme que ce M. Banks ! Que je l'admire ! Offrez-lui de ma part mille compliments respectueux […]. J'avois osé lui recommander notre Bibliothèque publique pour l'histoire des plantes à laquelle il travaille, ayant appris de tous les côtés que ce ne sera que de sa générosité qu'on pourra l'avoir, & qu'il n'entrera pas dans le commerce, je crains d'avoir été indiscret ». Il évoque un envoi de papillons à M. d'Orcy [Jean-Baptiste-François Gigot d'Orcy]. « Les deux champignons que je vous ai envoyés sont des environs de notre ville & me paroissent être nouveaux : c'est ce qui m'a engagé à vous les envoyer ». Il lui adresse des publications qu'il aurait souhaité lui offrir mais l'état de sa fortune ne lui permet plus. « Je me suis épuisé pour une partie que j'aimais jusqu'à ma quarante sixième année, où je commençois à toucher des appointements, qui encore sont assez médiocres. Je dois faire la chymie, avoir soin du jardin, des étiquettes, des graines, de la correspondance, soigner mon cabinet pour que les animaux ne dépérissent point, avoir des livres et des instrumens à mes frais & pour tout cela je n'ai personne qui m'aide ; seulement on vient de me promettre que j'aurai un garçon apothicaire pour me soulager. Voyez ce qu'avec cela je peux faire au milieu d'une époque où toutes ces sciences entre les mains des personnes les plus riches avancent à pas de géant. Cela me désole et je ne vois rien prospérer & qu'avec tout ce travail & les détérioration de mes très minces affaires économiques, je ne peux rien faire qui vaille en aucune partie. Vous ne sauriez croire combien ces pensées abattent l'esprit & me rendent de plus en plus impropres au travail. Aussi depuis quelques tems suis-je plongé dans une profonde mélancolie […] ». Portrait gravé joint.