Lot 45
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Estimation : 3 000 € - 4 000 €
Bernard de JUSSIEU (1699-1777), botaniste.
Lettre autographe signée [à François-Alexis Fresnel, sieur Dugage (1722-1785)]. 2 pp. in-4. Sans lieu ni date [vers 1775-1777]. Usure entrainant un petit trou dans le texte et petite découpe en marge.
Rare lettre ornée d'empreintes de plantes (qui probablement l'accompagnaient), adressée au mari d'Élisabeth DUGAGE DE POMMEREUL (1733-1782), l'une des toutes premières femmes botanistes, qui herborisa au Jardin du Roi [elle suivit les cours d'Antoine-Laurent de Jussieu et André Thouin, jardinier en chef au Jardin du roi, eut recourt à son aide pour dénombrer et identifier les graminées qui croissent dans les parterres du jardin de l'École de botanique ; elle tenta d'élaborer une classification conciliant le système de Tournefort avec celui de Linné ; Linné le jeune nomma une plante en son honneur, la Pommereulla cornucopiae].
« Mille et mille remerciements, Monsieur, de votre obligeante lettre et des bonnes nouvelles qu'elle renferme : elle ne pouvoit arriver plus à propos et ne vous trompés point en pensant que nous étions tous vivement inquiets sur votre santé et celle de Mme Dugage ; l'état de faiblesse où nous l'avions vue ici augmentoit nos craintes. Nous ne sçavions que penser de votre silence […]. L'intérêt que nous prenons aux deux voyageurs est trop vif, pour que l'on puisse douter de notre joie à la réception de votre lettre. Pourquoi l'avez-vous fait si courte ? Il vous en auroit couté si peu de faire durer notre plaisir quelques minutes de plus ; je croyois que vous m'aviez promis des détails sur votre voyage et j'y comptois un peu. Votre aimable compagne pour qui nos dames ont conçu la plus grande estime, aura été vraisemblablement obligée de faire de très petites journées puisque vous avés demeuré tant de tems pour attraper ce climat tempéré dont vous me faites une si belle description […]. Je viens d'écrire au docteur ainé de la rue des Bernardins. Je lui parle longuement de vous et de madame Dugage ; je lui dis que cette douce malade veut absolument faire divorce avec ses maux, que depuis qu'elle habite Bières, sa santé semble vouloir s'y rétablir en dépit de tous ceux qui l'avoient condamnée le long de la route. D'aussi bonnes nouvelles lui feront un plaisir infini, je n'en doute pas, car il m'en a demandé plusieurs fois […]. Je lui marque aussi que madame Dugage ne perd point de vüe l'histoire naturelle et qu'elle a acheté une monture douce et élégante pour parcourir les environs d'un païs dont elle est enchantée et où elle se trouve on ne peut mieux. Nos dames se portent toutes à merveille, elles sont bien sensibles à votre souvenir et à celui de madame Dugage : elles regrettent que sa santé ne lui ait pas permis de faire un plus long séjour à Lyon. Elles font des vœux pour son parfait rétablissement et la prie d'agréer mille amitiés de leur part. Mr l'abbé, Mr Pallier d'américain, mon neveu De Senevrier et moi y joignons nos respects […] ».
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