François Paul JAUVY (1760-1822), botaniste, spécialiste des fleurs des Alpes-Maritimes. Lettre autographe signée adressée au botaniste Louis Gérard de Cotignac (1733-1819), lui-même spécialiste des végétaux provençaux et des Alpes du Sud. Il fit publier en 1761, « Flora gallo-provincialis » le premier ouvrage sur la flore de Provence. Grasse, 21 janvier 1814. 3 pp. grand in-4. Belle lettre scientifique, notamment sur sa découverte du Narcissus lotus, adoubée par Candolle. Jauvy écume le massif de L'Estérel et Laval pour ses chasses botaniques et décrit nombre de ses recherches : Astragalus, inula odora, inula crithmoides, les anthyllis, etc. Il relate ses échanges avec Jaume Saint-Hilaire, loue Emeric de Castellane « cet infatigable botaniste » qui n'a pu trouver la fougère de Tournefort dans les Pyrénées, dite « Filicula Montana folio vario », évoque les travaux de cryptogamie de Samuel Elisée Bridel-Brideri (1761-1828), le mycologue Christiaan Hendrik Persoon (1761-1836), le botaniste Dominique Villars (1745-1814) et d'autres. Jauvy félicite son correspondant pour le riche ouvrage sur la flore de la Provence : il surpasse celui du botaniste turinois Carlo Allioni (1728-1804) sur la flore du Piémont, qu'il critique vivement. Il évoque les travaux sur l'olivier du botaniste et agronome Jean-Louis-Auguste Loiseleur-Deslongchamps (1774-1849) [dont les Flores furent illustrées par Redouté et Bessa] et dénonce les tentatives de plagiat de ce dernier, notamment par ses traductions d'ouvrages en latin « parés des plumes de paon de l'appropriation ». Loiseleur avait demandé à Jauvy nombre de renseignements et d'échantillons de plantes « nouvelles pour lui » afin de se les approprier. Il relate une querelle entre lui, Loiseleur, Wilden et Gouan à propos du Narcissus gouani, liste les noms erronés donnés à cette plante « enfin M. de Candolle rejettant le Nacissus odorus de Linné en a fait le Narcissus Lotus dont il m'honore de la trouvaille que j'en ai fait à Grasse […] ». François Paul Jauvy et Louis Gérard de Cotignac constituèrent tous deux des herbiers exceptionnels, de plusieurs milliers de plantes de Provence, Alpes-Maritimes et Alpes du Sud. Le second est conservé au Muséum départemental du Var à Toulon.