Edgard MAXENCE (Nantes, 1871 - La Bernerie, 1954)
Profil au paon
Pastel gouaché et rehaussé d’une mixtion d’argent sur papier marouflé sur toile
Signé ‘EDGARD MAXENCE’ en bas à droite
(Micro-écaillures dans le rachis de la plume)
Peacock profile, gouache pastel enhanced with a mixture of silver on paper, signed, by E. Maxence
18.5 x 12.2 in.
47.0 x 31.0 cm
Provenance : Collection personnelle de l’artiste ;
Puis par descendance ;
Probablement vente de l’atelier Edgard Maxence ; Paris, Hôtel Drouot, s. 6, Maître Etienne Ader, 10 février 1960 ;
Collection Gérard Lévy ;
Puis par descendance
Expositions : New Gallery, London, 121 Regent Street, 1896, cat. n° 26 : « Le Parc aux paons » [étiquette au verso]
Esthètes et Magiciens / Symbolistes des collections parisiennes, Paris, Musée Galliera, décembre 1970 – janvier 1971, cat. n° 99 : « Profil au Paon », reproduit [étiquette au verso]
L’Art et la Vie en France à la Belle Époque, île de Bendor, Fondation Paul Ricard, septembre – octobre 1971, cat. n° 256 : « Profil au Paon »
French Symbolist Painters, Londres, Hayward Gallery, 7 juin – 23 juillet 1972, Liverpool, Walker Arts Gallery, 9 août – 17 septembre 1972, cat. n° 133 : « Peacock Profile (Profil au Paon) », reproduit p. 75 [étiquette au verso]
El Simbolismo en la Pintura Francesa, Madrid, Museo Espanol de Arte Contemporeano, octobre – novembre 1972, Barcelone, Museo de Arte Moderno, décembre 1972, cat. n° 114 : « Perfil con Pavo Real », p. 76 [étiquette au verso]
Art Nouveau Belgium / France, Houston, Rice Museum, 26 mars – 27 juin 1976, Chicago, Art Institute, 28 août – 31 octobre 1976, cat. n° 55 : « Profil au Paon (Profile with Peacock) », reproduit p. 70
Gustave Moreau et le Symbolisme, Yamanashi (Japon), Musée Départemental d’Art, 9 septembre – 14 octobre 1984 ; Kamakura (Japon), Musée d’Art Moderne, 27 octobre – 2 décembre 1984, Mie (Japon), Musée Départemental d’Art, 4 janvier – 1er février 1985, cat. n° 43 : « Profil au Paon », reproduit p. 77 [étiquette au verso]
Or et couleur : le cadre dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, Paris, Musée d’Orsay, 19 juin – 24 septembre 1989, cat. n° 58 : « Profil au Paon »
Les Massier: côté cour, côté jardin, Vallauris, Musée Magnelli – Musée de la Céramique, 4 juillet – 2 novembre 2009, reproduit p. 111 : « Profil au paon / Peacock profile »
Edgar Maxence 1871-1954, les dernières fleurs du symbolisme, Nantes, Musée des Beaux-Arts, 21 mai – 19 septembre 2010 ; Douai, musée de la Chartreuse, 16 octobre 2010 – 17 janvier 2011, cat. n° 6 : « Profil au Paon », reproduit p. 14 et 71
Sensucht Nach Farbe : Moreau, Matisse & Co., Neuss (Allemagne), Clemens-Sels-Museum, 23 septembre 2012 – 13 janvier 2013, cat. n° 35 : « Profil mit Pfau – Profil au Paon », reproduit p. 64
Bibliographie : Schurr, Gérald, « Les peintres symbolistes », L’Estampille, n° 19, mars 1971, reproduit p. 56 : « Profil au paon »
Jullian, Philippe, « Peintres symbolistes », L’Oeil, n° 209, mai 1972, cat. n° 4 : « Profil au paon », reproduit p. 15
Jullian, Philippe, The Symbolists, Paris, Phaidon, 1973, cat. n° 2 : « Peacock Profile », reproduit p. 18
Maison Française, n° 272, novembre 1973, reproduit p. 186 : « profil de femme-fleurs »
Delevoy, Robert, Journal du Symbolisme, Lausanne, Skira, 1977, reproduit p. 155 : « Profil au Paon ».
Guérin, Christine, Monographie du peintre Edgar Maxence (1871-1954), catalogue provisoire de l’œuvre, Rennes, Université de Haute-Bretagne, 1978, citée n. p. (vol. B) sous le titre « Profil au Paon »
Reimbold, Ernst Thomas, Der Pfau – Mythologie und Symbolik, Munich, Callwey, 1983, cat. n° 86 : « Frau im Park », reproduit p. 154
Cahn, Isabelle, Cadres de Peintres, Paris, Réunion des Musées Nationaux / Hermann, Editeurs des Sciences et des Arts, 198, p. 108, reproduit planche 3 : « Profil au Paon »
Gibson, Michael, Le Symbolisme, Paris, Taschen, 2006, reproduit p. 48 : « Profil au Paon »
Né à Nantes dans un milieu fortuné, rien ne destine Edgard Maxence à embrasser la vocation artistique. Pourtant, scolarité achevée, il s’inscrit à l’école des Beaux-arts de la ville où il étudie auprès d’Alexandre Chantron. En 1891, le jeune artiste est reçu au concours de l’école des Beaux-arts de Paris et intègre l’atelier du nantais Jules-Elie Delaunay, où il fait la connaissance de Georges Rouault. Lorsque Delaunay meurt quelques mois plus tard, il est remplacé par Gustave Moreau qui n’est pas sans exercer sur Maxence une influence décisive. Premier Logiste en 1893 puis premier prix de figure d’expression en 1894, il abandonne la course au Prix de Rome après son échec en 1895. Encouragé par son maître, il expose à partir de 1894 au Salon des Artistes français. Outre l’art du portrait, pour lequel il excelle, il s’adonne à la peinture d’histoire en puisant au Symbolisme de Moreau, multipliant à l’huile et au pastel des mises en scènes bibliques, mythologiques ou tirées de légendes bretonnes qui jouissent d’une bonne réception. Porté par ses premiers succès, Maxence participe aux trois derniers Salons de la Rose+Croix de 1895 à 1897, puis à l’Exposition Universelle de 1900, où il obtient une médaille d’or. Fait chevalier de la Légion d’honneur la même année, il est élevé au grade d’officier en 1927, après avoir été élu à l’Institut en 1924.
Mêlant sur le papier le pastel et la gouache, avec quelques délicats rehauts d’une mixtion d’argent, notre Profil au paon compte incontestablement parmi les chefs-d’œuvre de la production symboliste d’Edgard Maxence. Devant un jardin japonais, l’artiste a campé le buste d’une jeune femme dont le profil nettement marqué prend les allures des médaillons antiques repris à la Renaissance par Antonio Pisanello. Par la présence de plumes de paon ornant la chevelure et la robe, la beauté fière de cette figure de fantaisie entre en résonnance avec l’oiseau majestueux occupant l’arrière-plan, faisant la roue comme pour lui rendre hommage. Cette subtile mise en abyme de l’image, renforcée selon Isabelle Cahn par les motifs du cadre sculpté évoquant de manière stylisée des plumes de paon déployées en rond1, inscrit pleinement Maxence dans la mouvance symboliste en supposant un discours codifié par des clés cachées. Au Moyen-Âge le paon, symbole d’éternité et de résurrection, était une possession traditionnellement réservée aux rois, seigneurs et abbayes, afin d’en orner leurs jardins où il déambulait en liberté, au même titre que les cygnes et les colombes. Profil au paon reflète ainsi l’évolution plus personnelle du style de l’artiste après son apprentissage à l'École des beaux-arts auprès de Gustave Moreau. Par un chromatisme volontairement atténué, Maxence parvient à pleinement harmoniser le visage et le paysage. L’utilisation raffinée du pastel, laissant par endroits le papier brun visible en réserves, entre les branches des arbres ainsi que sur le bord supérieur gauche, atteste d’une parfaite maîtrise de cette technique graphique. Magistralement exécutée, associant son goût pour la Renaissance italienne à des inspirations préraphaélites, notre aquarelle silencieuse et empreinte d’une grande religiosité appartient à la part la plus singulière et la plus séduisante d’Edgard Maxence.
1 Cahn, Isabelle, Cadres de Peintres, Paris, Réunion des Musées Nationaux / Hermann, Editeurs des Sciences et des Arts, 198, p. 108.
Edgard MAXENCE (Nantes, 1871 - La Bernerie, 1954)
47.0 x 31.0 cm
Né à Nantes dans un milieu fortuné, rien ne destine Edgard Maxence à embrasser la vocation artistique. Pourtant, scolarité achevée, il s’inscrit à l’école des Beaux-arts de la ville où il étudie auprès d’Alexandre Chantron. En 1891, le jeune artiste est reçu au concours de l’école des Beaux-arts de Paris et intègre l’atelier du nantais Jules-Elie Delaunay, où il fait la connaissance de Georges Rouault. Lorsque Delaunay meurt quelques mois plus tard, il est remplacé par Gustave Moreau qui n’est pas sans exercer sur Maxence une influence décisive. Premier Logiste en 1893 puis premier prix de figure d’expression en 1894, il abandonne la course au Prix de Rome après son échec en 1895. Encouragé par son maître, il expose à partir de 1894 au Salon des Artistes français. Outre l’art du portrait, pour lequel il excelle, il s’adonne à la peinture d’histoire en puisant au Symbolisme de Moreau, multipliant à l’huile et au pastel des mises en scènes bibliques, mythologiques ou tirées de légendes bretonnes qui jouissent d’une bonne réception. Porté par ses premiers succès, Maxence participe aux trois derniers Salons de la Rose+Croix de 1895 à 1897, puis à l’Exposition Universelle de 1900, où il obtient une médaille d’or. Fait chevalier de la Légion d’honneur la même année, il est élevé au grade d’officier en 1927, après avoir été élu à l’Institut en 1924.
Mêlant sur le papier le pastel et la gouache, avec quelques délicats rehauts d’une mixtion d’argent, notre Profil au paon compte incontestablement parmi les chefs-d’œuvre de la production symboliste d’Edgard Maxence. Devant un jardin japonais, l’artiste a campé le buste d’une jeune femme dont le profil nettement marqué prend les allures des médaillons antiques repris à la Renaissance par Antonio Pisanello. Par la présence de plumes de paon ornant la chevelure et la robe, la beauté fière de cette figure de fantaisie entre en résonnance avec l’oiseau majestueux occupant l’arrière-plan, faisant la roue comme pour lui rendre hommage. Cette subtile mise en abyme de l’image, renforcée selon Isabelle Cahn par les motifs du cadre sculpté évoquant de manière stylisée des plumes de paon déployées en rond1, inscrit pleinement Maxence dans la mouvance symboliste en supposant un discours codifié par des clés cachées. Au Moyen-Âge le paon, symbole d’éternité et de résurrection, était une possession traditionnellement réservée aux rois, seigneurs et abbayes, afin d’en orner leurs jardins où il déambulait en liberté, au même titre que les cygnes et les colombes. Profil au paon reflète ainsi l’évolution plus personnelle du style de l’artiste après son apprentissage à l'École des beaux-arts auprès de Gustave Moreau. Par un chromatisme volontairement atténué, Maxence parvient à pleinement harmoniser le visage et le paysage. L’utilisation raffinée du pastel, laissant par endroits le papier brun visible en réserves, entre les branches des arbres ainsi que sur le bord supérieur gauche, atteste d’une parfaite maîtrise de cette technique graphique. Magistralement exécutée, associant son goût pour la Renaissance italienne à des inspirations préraphaélites, notre aquarelle silencieuse et empreinte d’une grande religiosité appartient à la part la plus singulière et la plus séduisante d’Edgard Maxence.
1 Cahn, Isabelle, Cadres de Peintres, Paris, Réunion des Musées Nationaux / Hermann, Editeurs des Sciences et des Arts, 198, p. 108.